Le Monde

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Le Monde

01/09/2015

« Les djihadistes se forment ailleurs qu’en prison »
Par Céline Béraud, Claire de Galembert et Corinne Rostaing, toutes trois sociologues

L’attaque du Thalys a une nouvelle fois mis la prison sur la sellette. On invoque à l’envi les incarcérations pour trafic de drogue d’Ayoub El-Khazzani comme autant de facteurs ayant « renforcé son extrémisme ». Pourtant, d’autres sont aussi mentionnés : la mosquée qu’il fréquentait à Algésiras, un possible séjour en Syrie, ainsi qu’Internet – à l’origine de 90 % des cas de radicalisation, selon le ministre de l’intérieur. Va-t-on enfin relativiser la thèse simplificatrice selon laquelle la prison serait le lieu par excellence de la radicalisation islamique ?

A la suite des attentats de janvier, cette « évidence », construite à partir de l’affaire Kelkal en 1995 jusqu’aux tueries commises par Merah en 2012 et Nemmouche en 2014, ne semblait souffrir aucune remise en question. Et c’est au nom de cette « évidence » que la prison est devenue la cible privilégiée de la politique de lutte contre la radicalisation. Cela s’est traduit par la création de quartiers spécifiques, le renforcement du renseignement pénitentiaire, la formation des personnels à la détection des profils radicaux et le recrutement de davantage d’aumôniers musulmans. L’administration pénitentiaire s’est trouvée désignée comme la principale institution responsable de ce phénomène.

Défaillance des institutions

La corrélation entre prison et terrorisme est pourtant loin de se résumer à un rapport de cause à effet. El-Khazzani, Coulibaly, Nemmouche, Merah…

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