Le Monde
21/04/16
« Pédophilie dans l’église: les appels à témoins affluent »
Par Émeline Cazi
Trois mots dans le titre et une simple phrase suffiront, a estimé « Mathilde » en rédigeant son appel à témoignages. « Parole anonyme », une autre victime sous pseudo, a préféré, au contraire, raconter précisément ce jour où, en colonie de vacances, la main du prêtre infirmier s’est attardée sur le sexe de la fillette de 8 ans qu’elle était. C’était au « chalet des forêts », à Boëge, en Haute-Savoie. Qui sait si un détail ne réveillera pas des souvenirs ? Depuis la révélation des actes de pédophilie commis par un prêtre lyonnais dans les années 1970 et 1980, des personnes qui se disent victimes de faits similaires sortent de leur silence. Depuis peu, La Parole libérée, qui a contribué à briser des années d’omerta, accueille même des avis de recherche.
Il y a des hommes et des femmes derrière ces écrits livrés souvent avec appréhension sur la Toile. Ils ont 40, 50, voire 60 ans. Jean-Pierre Martin-Vallas en a même 70 et s’appelle ainsi dans la vraie vie ; quand « Lalie » est le nom qu’a choisi cette habitante des Hautes-Pyrénées pour tout balancer : c’était à Lourdes, dans les années 1970. Elle avait 5 ou 6 ans, la première fois. L’homme était prêtre, mais aussi le frère de sa grand-mère.
Les proches de « Lalie » savent depuis une quinzaine d’années. Il n’empêche, Marie-Pierre – de son vrai prénom – se débat, comme beaucoup, seule ou sur le divan d’un psy, avec son passé. Depuis qu’en janvier a éclaté l’affaire du père Bernard Preynat, accusé d’attouchements sexuels sur des scouts de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône) dans…