Le Monde
12/01/16
Les enfants de migrants à l’école de l’exil
Par Ondine Debré
Quatre enfants font de la trottinette entre les flaques en ce jour pluvieux d’automne. Rien ne les différencie de ceux que l’on croise à la sortie des écoles. Raed, Hadi et les jumeaux Maya et Mohamed sont arrivés avec leurs parents, Naram et Issam, quinze jours auparavant, en pleine nuit, au centre Louis-Lumière, dans le 20e arrondissement de Paris. Depuis des mois déjà, ils avaient quitté Damas. Deux valises remplies à la hâte, un sac à dos par enfant avec quelques souvenirs, une chambre dans un foyer d’hébergement au milieu de Paris. Et une vie à reconstruire…
Ils sont aujourd’hui plus de mille élèves migrants, scolarisés dans l’académie de Paris. Raed et Hadi vont au collège Jean-Perrin, à deux pas du centre, les plus jeunes à l’école élémentaire du Clos, tout à côté. Ces jumeaux de 6 ans attirent tous les regards : très petits tous les deux, le garçon et la fille se ressemblent, partageant des cheveux châtains et des yeux mordorés. Ils rient, courent et semblent se jouer de tout. Une famille unie et souriante, des enfants sages et bien peignés : comment imaginer qu’ils ont vécu la guerre et la peur ?
Cécile Cajas, de la Ligue de l’enseignement, s’occupe des réfugiés syriens à Louis-Lumière. Elle raconte que les enfants ont vite retrouvé le sourire et qu’ils semblent tous heureux d’être là. « On ne leur pose pas de questions sur ce qu’ils ont vécu avant, et le quotidien se met en place », dit-elle. « Ici, la meilleure chose, c’est la paix. Mais aussi la piscine où nous allons chaque semaine. On ne fait pas ça en Syrie »,…