Le « petit exode » des bacheliers français
par Benoît Floc’h
La France, non merci ! Sitôt le bac obtenu, Guillaume Chieux a filé en Espagne. Le jeune homme avait opté pour des études d’ingénieur, mais il ne voulait pas entendre parler de prépa.
« C’est un système qui fait peur, justifie-t-il. La prépa a la réputation d’être très dure et de vous griller, physiquement comme psychologiquement. Au contraire, le système espagnol, s’il est aussi exigeant au niveau des connaissances, vous laisse vous organiser comme vous le souhaitez. » A 19 ans, il est étudiant à l’Université polytechnique de Madrid.
Ce n’est pas un cas isolé. Comme Guillaume, et de nombreux jeunes ayant répondu à l’appel à témoignages lancé sur LeMonde.fr, de plus en plus de bacheliers décident de débuter leurs études supérieures à l’étranger. Au point que le gouvernement commence à s’en émouvoir. En lançant la réforme de l’Ecole polytechnique, le 15 décembre 2015, Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense et tutelle de l’établissement, a justifié l’ouverture d’une filière postbac en son sein par la nécessité de juguler« un phénomène de fuite d’excellents bacheliers français en nette augmentation ».
« Ce n’est pas encore le grand exode, mais ça commence à prendre une ampleur significative, confirme Arnaud Parienty, professeur au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, à l’université Paris-Dauphine et auteur de School Business, (La Découverte, 2015). A la rentrée de septembre 2014, nous avions 14 places vides en maths sup ! Nous n’avions jamais vu ça. Ce sont des bacheliers qui avaient obtenu une place en prépa à Pasteur, mais qui ont préféré partir dans une université anglo-saxonne. » L’objectif est souvent le même que celui de Guillaume Chieux : fuir la prépa.